Je rêve ma vie des autres [1]

I
La rechute
1

Anna avait un peu froid. Elle se réveilla, couchée sur le bord d'une meule de foin. Elle ouvrit doucement les yeux, éblouie par le soleil levant, et commença doucement à s'étirer. Après la torpeur du réveil, elle réalisa qu'elle ne voyait absolument pas ce qu'elle faisait ainsi sur ce lit pour le moins sommaire.
Elle avait tout de même froid : elle était simplement "posée" au bord de la meule. Et … effarée, elle constata qu'elle était nue! Complètement nue, couchée au bord d'une meule de foin, apparemment dans un lieu en pleine campagne totalement inconnu. Elle se recroquevilla sur elle-même dos à la meule et, la tête au-dessus des genoux, jeta de rapides coups d’œil à gauche, puis à droite...

A deux mètres à peine, dormait tranquillement un homme, aussi nu qu'elle l'était. Il lui tournait légèrement le dos, elle ne distinguait que vaguement le profil de son visage, mais aucun doute il s'agissait bien d'un homme nu là à côté d'elle. Cette situation la rendait particulièrement mal à l'aise et pas seulement parce qu'elle était nue, tout comme cet homme : en fait, elle n'avait aucun souvenir de ce qui avait pu la conduire ici…

 

Mieux réveillée, elle détourna son regard des fesses de l’homme. Elle soupira, puis, prit profondément sa respiration. Heureusement qu'elle n'avait pas crié. Il lui fallait rapidement trouver comment se sortir de cette situation. Il serait toujours temps ensuite de comprendre comment elle avait pu arriver là.

Elle se trouva un peu lâche d’avoir stupidement pensé se cacher dans la meule de foin. Il ne fallait pas qu’elle se laisse impressionner par les circonstances. Un coup d'œil autour d'elle lui confirma ses craintes : aucun vêtement à l'horizon, ni féminin, ni masculin. Aux alentours, des champs, tranquilles, peut-être trop ! Elle se prit à espérer trouver un épouvantail qui pourrait lui prêter ses hardes. Mais elle put constater que les champs n’avaient pas l’air d’être cultivés et qu’aucune ferme ne se profilait à l’horizon. Alors elle vit, incrédule, une vigne sur sa gauche, en partie masquée par la meule. Que venaient faire cette meule de foin et cette vigne dans un lieu où aucun homme ne semblait avoir mis les pieds avant elle, et … lui.

 

De plus en plus mal à l'aise, elle ne put s'empêcher de sourire ; cela commençait à ressembler à une très grosse blague : elle allait devoir cacher l'essentiel de sa nudité derrière une feuille de vigne, et, pour se défendre en cas de nécessité face à l'homme nu, elle ne disposerait que d'un vieux cep de vigne!

Elle se résolut à choisir une feuille adaptée à son anatomie. Il lui fallait une main pour tenir cette feuille ; elle n’eut aucun mal à trouver un cep qu’elle pouvait tenir fermement et qui fut assez gros pour servir d’arme défensive dans son autre main.

Plus de main donc pour cacher sa généreuse poitrine ou ses fesses. Elle dut donc s’armer d’un peu de courage pour retourner vers la meule et vers l’homme, toujours endormi. Il lui fallait l’aide de ce dernier pour sortir de ce mauvais pas, qu’il le veuille ou non.

 

Elle devait faire attention en marchant dans l’herbe drue poussant dans l’espace assez sauvage séparant la meule de la vigne. Pressée de rejoindre la meule avant le réveil de l’inconnu, elle ne pouvait prendre le temps d’étudier les environs, mais elle était maintenant convaincue qu’aucune habitation n’était visible. Seul un chemin approximatif, sauvage, pouvait faire penser à une présence humaine. Ce chemin se perdait à l’horizon à travers des collines désertes.

De retour à son point de départ, elle vit l’homme toujours inconscient dans la même position. Elle n’hésita pas à l’examiner : elle le trouva plutôt bien avec ces fesses musclées, des jambes fortes sans plus, et le peu qu’elle voyait de son torse semblait bigrement accueillant, animé par sa respiration lente et régulière. De ses cheveux châtain foncé, émergeait à peine son profil, plutôt favorable à première vue, et en particulier son nez.

 

Elle fut  surprise : elle avait commencé par regarder ses fesses (enfin son joli petit cul quoi) - comme tout à l’heure au réveil -, et il fallait bien l’avouer, elle aurait bien aimé voir aussi le côté pile  ! C’était bon pour les hommes un tel comportement !

Peu expérimentée en amour, elle ne cherchait guère à améliorer sa situation et avait, habituellement, une indifférence peinée pour le corps masculin. Sa première expérience y était pour quelque chose : ce beau corps ignoble, ces testicules ridicules, ce sexe étonnant, gros, qu’elle avait à peine senti, ces touffes de poils simiesques, ce visage rougeaud et bavant qui empestait l’alcool et qu’elle n’avait même pas embrassé…

Elle n’eut cependant guère le temps de trop gamberger : « son » homme nu se réveillait.

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